À mon mariage, j’ai vu ma belle-mère glisser un comprimé dans ma coupe… alors j’ai inversé les verres

« Madame Dubreuil, levez-vous, » dit le président. « Reconnaissez-vous les faits qui vous sont reprochés ? »

Monique se leva, les mains crispées sur le dossier devant elle.

« Non, monsieur le président, » dit-elle d’une voix nette. « Je n’ai jamais voulu faire de mal à Claire. Je ne l’ai pas empoisonnée. Je prends acte que j’ai commis une erreur stupide ce soir-là, mais jamais je n’ai eu l’intention de lui nuire. »

Maître Gardel enchaîna aussitôt, plaçant le décor : stress, confusion, famille « en tension », mariage « très coûteux », nerfs à vif.

Le président fit signe à la greffière.
Les auditions allaient commencer.


Les premiers témoins furent les médecins, les pompiers, le responsable du domaine.
Ils racontèrent les faits, froidement, presque comme s’il s’agissait d’un dossier lambda.

Puis ce fut au tour de Françoise, la sœur de Monique.
Elle semblait mal à l’aise, coincée entre la loyauté familiale et la vérité.

« Oui, » reconnut-elle, « j’ai bien une ordonnance de diazépam. J’étais en visite chez ma sœur. J’ai laissé ma boîte dans la salle de bains. Quand la police me l’a demandé, j’ai compté, il manquait cinq comprimés. »

« Votre sœur vous a-t-elle dit qu’elle en prenait aussi ? » demanda le procureur.

« Elle m’avait confié être très stressée par le mariage, » répondit Françoise. « Elle m’a demandé si je pouvais lui en laisser “au cas où”. Je ne pensais pas que… »

Elle s’interrompit.

« Que quoi ? » insista le procureur.

« Que ça finirait au tribunal, » murmura-t-elle.

Maître Gardel tenta de semer le doute.

« Vous êtes sûre de ne pas vous être trompée dans votre comptage ? Vous n’avez pas pu en prendre plusieurs sans le noter ? »

« Non, » répondit-elle avec plus de fermeté. « Je note tout. Je n’ai pas oublié cinq comprimés. »


Puis on projeta la vidéo.

Comme au commissariat, l’image de la table d’honneur apparut à l’écran.

Cette fois, ce n’était plus une pièce fermée avec un policier et nos familles, mais une salle remplie de gens, un président, des juges, un procureur, une avocate de la défense, un greffier.

Et moi.

Je sentis mon estomac se contracter quand la silhouette de Monique apparut.

La salle était silencieuse.
On entendait à peine le grésillement léger de l’enregistrement.

On la vit sortir le comprimé, lire les noms, ouvrir la main au-dessus de ma coupe.

De là où j’étais, à quelques mètres de la barre, je pouvais presque entendre la petite capsule frapper le fond de verre.

Quand la vidéo montra ensuite ma silhouette, celle d’une mariée en robe blanche, hésitant, puis intervertissant les verres, des murmures furtifs parcoururent la salle.

Le président leva les yeux.

« Madame Dubreuil, » dit-il, « vous reconnaissez que c’est bien vous sur ces images ? »

« Oui, monsieur le président, » répondit-elle.

« Vous reconnaissez avoir glissé quelque chose dans cette coupe ? »

Elle déglutit.

« J’ai… j’ai pris un comprimé à ma sœur, » admit-elle. « J’étais nerveuse, j’ai voulu le diluer dans un verre pour que ça passe plus doucement. J’ai mis le médicament dans ce que je croyais être ma coupe. J’étais persuadée que c’était la mienne. Je ne comprends toujours pas comment j’ai pu me tromper. »

Le président fronça les sourcils.

« Vous lisez clairement les cartons de noms sur la vidéo. »

« Je ne me souviens plus, » dit-elle. « Tout est confus. La journée, le stress… Je sais que ça a l’air… mais je n’ai jamais voulu faire de mal à Claire. »

Maître Gardel se leva.

« Monsieur le président, ma cliente reconnaît une imprudence, une bêtise, mais nie fermement toute intention criminelle. Nous avons affaire à une femme dépassée par les événements, pas à une empoisonneuse. »

Je sentis la colère me monter aux joues.

Dépassée ou pas, c’est quand même moi qui aurais dû boire ce verre.


Quand mon nom fut appelé, mes jambes se mirent à trembler.

« Madame Claire Ashour, veuillez vous avancer à la barre. »

Je me suis levée, comme dans un rêve, ai juré de dire la vérité, toute la vérité, puis me suis accrochée au pupitre comme à une rambarde.

Le procureur commença.

« Madame Ashour, pouvez-vous, une nouvelle fois, raconter ce que vous avez vu ce soir-là ? »

Je l’ai fait.
Pour la centième fois.
Mais cette fois, quelque chose était différent : je n’avais plus à convaincre quiconque que je n’avais pas inventé.

Les images existaient.
Elles m’appuyaient.

Je parlais plus calmement que je ne l’aurais cru, sans pathos inutile.
Je racontais le ressenti, oui – le froid dans le ventre, la panique, le regard de Monique – mais je restais sur les faits.

Puis ce fut au tour de maître Gardel.

Il s’approcha de la barre avec ce sourire poli qui me donnait envie de reculer.

« Madame Ashour, » commença-t-il d’une voix douce, « vous avez donc vu votre belle-mère déposer un comprimé dans votre coupe. Vous avez pensé qu’il s’agissait de quelque chose de dangereux, ou au moins d’inapproprié. C’est bien cela ? »

« Oui. »

« Et votre réaction immédiate a été… d’échanger les verres. Pas de renverser le contenu, pas de prévenir quelqu’un, pas de vous interposer. Non. Vous avez calmement déplacé les coupes. Pourquoi ? »

Je sentis la salle se tendre.

« Je n’étais pas calme, » répondis-je. « J’étais terrorisée. Je n’ai pas réfléchi. J’ai juste voulu que ce soit elle qui boive ce qu’elle m’avait préparé. »

Il leva légèrement un sourcil.

« Donc vous admettez avoir volontairement laissé votre belle-mère s’empoisonner elle-même ? »

« Je n’avais aucune idée de ce que c’était, » répliquai-je. « Un somnifère ? Un truc pour me faire perdre connaissance ? Un médicament plus fort ? Je savais seulement que ce n’était pas pour mon bien. Je me suis protégée. »

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