À mon mariage, j’ai vu ma belle-mère glisser un comprimé dans ma coupe… alors j’ai inversé les verres

Et si je n’étais pas capable ?
Et si je devenais comme elle ?
Et si quelque chose arrivait, si le bonheur n’était qu’un nouveau piège ?

Je suis retournée voir la psy.

« C’est très fréquent que le passé resurgisse pendant une grossesse, » m’a-t-elle dit calmement. « La maternité réveille toutes les questions de transmission. L’important, ce n’est pas de ne plus avoir peur. C’est de ne pas laisser cette peur décider à votre place. »

« Je veux que mon enfant grandisse sans avoir à choisir entre sa grand-mère et sa mère, » ai-je murmuré. « Sans poison dans les verres, sans secrets. »

« Alors vous lui donnerez autre chose, » a-t-elle répondu. « De la transparence. Le droit de dire non. Le droit d’être imparfait. Vous savez ce que vous ne voulez pas reproduire. C’est déjà énorme. »


Notre fille est née un matin de février, sous une neige fine.

Quand la sage-femme me l’a posée sur le ventre, toute chaude, toute froissée, j’ai éclaté en sanglots.

« Bonjour, Anaïs, » a murmuré Julien, la voix cassée. « Bienvenue. »

Elle a ouvert un œil, a poussé un micro-soupir, et je me suis dit que rien, jamais, ne vaudrait ce moment-là.

Ma mère a débarqué avec un bouquet qui prenait toute la chambre.
Mon père, les yeux brillants, a fait la blague qu’on attendait tous :

« Cette fois, il n’y a pas de belle-mère et pas de champagne, je peux respirer. »

Thomas, en prenant Anaïs dans ses bras, a murmuré :

« Tu ne sauras jamais à quel point tu es attendue, petite. Et c’est très bien comme ça. »


Pendant les premiers mois, ma peur a pris d’autres formes.

Peu de sommeil, beaucoup de questions.

« Et si je fais mal ?
Et si je ne vois pas, moi aussi, quelque chose de dangereux ?
Et si un jour, je ne crois pas ma propre fille ? »

Julien aussi avait ses angoisses.

Une nuit, alors qu’Anaïs s’était enfin endormie, il m’a dit, à voix basse :

« Promets-moi que si un jour je deviens trop… rigide, trop exigeant, tu me le diras. Que tu me diras : “Là, tu te comportes comme ta mère.” »

Je l’ai regardé longtemps.

« Je te le promets, » ai-je répondu. « Et tu me le diras si je commence à contrôler tout le monde pour calmer mes propres peurs. »

Nous avons scellé cette promesse comme un pacte de résistance.


L’histoire du mariage, elle, ne disparaissait jamais complètement.

Les vidéos circulaient encore, enterrées dans les profondeurs d’internet.
Parfois, quelqu’un tombait dessus par hasard, nous envoyait un message :

« Je viens de comprendre que cette histoire, c’était vous. Je n’avais jamais imaginé ce qu’il y avait derrière. »

Parfois, c’était plus maladroit :

« C’était tellement drôle, votre mariage ! Je suis désolée pour vous, mais alors cette pièce montée… »

Je souriais poliment, mais à chaque fois, un morceau de moi se refermait.


Quelques années plus tard, j’ai reçu un appel d’un numéro inconnu.

« Bonjour, madame Ashour ? Je m’appelle Lucie Martin, je suis journaliste pour une série documentaire sur les violences familiales. Nous préparons un épisode sur les empoisonnements et tentatives d’empoisonnement, et votre affaire a attiré notre attention. Accepteriez-vous de témoigner ? »

Ma première réaction a été un non viscéral.

« Non, merci. J’ai déjà donné. Je n’ai pas envie de revivre tout ça pour une émission. »

La journaliste n’a pas insisté.

« Je comprends. Je voulais juste vous dire que notre démarche n’est pas sensationnaliste. On travaille avec des psychologues, on donne des ressources aux victimes. Mais c’est votre choix, évidemment. »

Le soir, j’en ai parlé à Julien.

« Tu as bien fait de dire non, » a-t-il dit aussitôt. « On a le droit de vivre autre chose. »

Puis il a réfléchi.

« Mais… »

« Mais ? »

« Et si ça pouvait aider quelqu’un ? » Il haussa les épaules. « Tu te souviens de cette mère devant l’école qui t’a dit qu’elle comprenait ? Il y en a sûrement d’autres. Des gens qui se sentent piégés par une belle-famille, ou un parent, qui doutent d’eux-mêmes. Si notre histoire leur montre qu’ils ne sont pas fous… je ne sais pas. Peut-être que ça vaut la peine. »

J’ai détesté qu’il ait raison.

Nous avons mis des conditions strictes :
pas de reconstitution grotesque, pas de musique dramatique, pas de plan volé devant chez Monique.
Nous voulions parler de consentement, de contrôle, de loyauté mal placée, pas nourrir la curiosité malsaine.

Lucie a accepté tout.

Le tournage a été épuisant.

S’asseoir face à une caméra, raconter encore une fois, revoir les images sur un écran de régie… j’ai eu l’impression qu’on me rouvrait une cicatrice.

Mais il y avait aussi quelque chose de différent : c’était moi qui choisissais, cette fois.

Ce n’était plus une vidéo prise au téléphone par un invité, virale malgré moi.
C’était ma parole, maîtrisée, posée, entourée d’explications.

Le soir de la diffusion, nous avons hésité à regarder.

Puis nous nous sommes installés sur le canapé, Anaïs endormie dans sa chambre, la télé allumée.

Le résultat était… sobre.
Digne.

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