À mon mariage, j’ai vu ma belle-mère glisser un comprimé dans ma coupe… alors j’ai inversé les verres

« Quoi qu’on voie là-bas, » dit-elle, « on sera ensemble. »


La salle au commissariat était petite, avec une table, quelques chaises et un écran accroché au mur.
Quand je suis entrée, Julien était déjà là, assis, le visage tiré.
À côté de lui, Patrick, raide, et Thomas, pâle, les mains sur les genoux.

Je me suis arrêtée un instant sur le pas de la porte.
Julien s’est levé.

« Salut, » dit-il doucement.

« Salut. »

Il hésita, comme s’il voulait me prendre dans ses bras, puis se retint.

La capitaine Leclerc entra à son tour, un dossier à la main.

« Merci d’être venus, » dit-elle. « Nous allons regarder ensemble un extrait des enregistrements pris dans la salle de réception. Ensuite, je vous expliquerai où en est la procédure. »

Elle éteignit la lumière, ralluma l’écran, et lança la vidéo.

L’image était fixe, légèrement granuleuse, filmée d’en haut.
On voyait la table d’honneur, les chaises encore vides, les coupes alignées, l’allée centrale.

L’horodatage indiquait une dizaine de minutes avant le début des discours.

Au bout de quelques secondes, Monique entra dans le cadre.

Je sentis Julien se raidir à côté de moi.

Elle avançait d’un pas assuré vers la table d’honneur, jeta un coup d’œil autour d’elle.
On la voyait fouiller dans son petit sac à main, sortir quelque chose de minuscule.

Leclerc fit une pause.

« Regardez bien ses mains, » dit-elle.

Elle relança.
Monique se penchait légèrement sur la table, lisait justement les petits cartons devant chaque coupe.
On la voyait s’arrêter au troisième à gauche.

Celui où, je le savais, était inscrit mon prénom.

Sa main s’ouvrit.
On distingua nettement un petit point blanc tomber dans la coupe.

Monique se redressa, regarda à nouveau autour d’elle, puis quitta le champ d’un pas rapide.

Personne ne disait rien.
On n’entendait que le léger bourdonnement de l’ordinateur.

Je sentais mes mains devenir moites.
Une part de moi était soulagée – je n’avais pas rêvé – mais une autre part se brisait en voyant noir sur blanc ce que je savais déjà.

Leclerc avança un peu dans la vidéo.

Une nouvelle silhouette entra dans le cadre.

Moi.

On me voyait m’approcher de la table, regarder les verres, hésiter.
Puis, clairement, prendre une coupe, me déplacer, échanger deux verres, les poser à leur nouvelle place.
Je restai un instant figée, puis je repartis.

La capitaine fit pause.

« Voilà, » dit-elle. « C’est ce que nous avons. »

Julien avait le front contre sa main.
Thomas fixait l’écran comme s’il venait de voir un fantôme.

Patrick fut le premier à parler.

« C’est peut-être une vitamine, » lâcha-t-il d’une voix sèche. « Ma femme est souvent stressée, elle a toujours pris des choses “naturelles” pour ses nerfs. Elle a dû confondre et… »

« Nous avons le résultat des analyses de sang, Monsieur Dubreuil, » le coupa Leclerc, sans s’énerver. « Ce n’était pas une vitamine. C’était du diazépam. En quantité significative. »

Elle ouvrit son dossier, feuilleta.

« Nous avons également entendu la sœur de Madame Dubreuil, madame Françoise Lambert. Elle possède une ordonnance pour ce médicament. Elle a confirmé avoir laissé sa boîte dans la salle de bains d’amis chez votre épouse, pour un séjour d’une semaine. Quand nous lui avons demandé de recompter, il manquait plusieurs comprimés. »

Patrick ouvrit la bouche, puis la referma.

« Ça ne prouve pas que c’est Monique qui les a pris, » répondit-il, mais sa voix manquait de conviction. « N’importe qui aurait pu y avoir accès. »

« C’est possible, » admit Leclerc. « Mais les images montrent clairement votre épouse sortir quelque chose de son sac et le mettre dans la coupe de votre belle-fille. Sans rien dire à personne. Et ensuite, elle laisse cette coupe en place, destinée à être bue par Madame Ashour. »

Elle se tourna vers moi.

« Vous avez ensuite échangé les verres. C’est cohérent avec ce que vous nous avez déclaré. »

Je n’arrivais pas à détacher mon regard de l’écran noir.

Julien, lui, ne disait plus rien.
Ses épaules tremblaient légèrement.

« Concrètement, » reprit Leclerc, « pour nous, il y a assez d’éléments pour transmettre le dossier au parquet. Le procureur décidera d’ouvrir une information pour tentative d’empoisonnement. Madame Dubreuil sera probablement convoquée, puis mise en examen. »

Les mots « tentative d’empoisonnement » flottèrent dans la pièce comme un poison à retardement.

Patrick serra les poings.

« Vous allez détruire la vie d’une femme parce qu’elle a voulu se calmer les nerfs, » cracha-t-il. « Vous ne voyez pas que c’est ma bru qui se venge ? »

Leclerc le regarda, imperturbable.

« Monsieur, votre épouse a mis un sédatif puissant dans un verre destiné à votre belle-fille, en cachette. Si Madame Ashour n’avait pas vu la scène et n’avait pas réagi, c’est elle qui aurait été hospitalisée, filmée en train de se comporter de manière incohérente, ridiculisée devant toute l’assemblée. Dans les médias, ce serait aujourd’hui “la mariée folle”, pas “la belle-mère”. »

Elle se tourna vers moi.

« Vous avez eu un très bon réflexe, même si, évidemment, on aurait préféré que vous appeliez aussitôt les secours. Mais vous étiez sous le choc. Ce genre de réaction est humain. »

Je hochai la tête sans réussir à parler.

Patrick se leva brusquement.

« C’est grotesque, » dit-il. « Vous avez déjà décidé qu’elle est coupable. »

« Ce n’est pas moi qui déciderai, » répondit la capitaine. « Ce sera le tribunal. Moi, je constate des faits. »

Il sortit de la salle en claquant la porte.

Le silence retomba.

Thomas passa une main sur son visage.

« Maman… » murmura-t-il. « Pourquoi elle a fait ça ? »

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