Il jure que je ne toucherai plus jamais à son argent, mais ma lettre fait éclater toute la vérité

Je me suis sentie soudain très petite sur ma chaise.

« Tu es sûre ? »

« Je ne suis pas juge d’instruction, mais je vois assez de dossiers pour reconnaître certains schémas. Regarde ces dépôts en espèces, ces virements entre sociétés fantômes, ces achats et reventes de biens. C’est typique. »

« Et je fais quoi, maintenant ? »

Marie a baissé la voix.

« Il faut que tu parles à la police. Pas n’importe qui. Il y a une brigade spécialisée dans ce genre de choses. Je connais un officier, le capitaine Rivières. Il travaille sur les affaires financières. Je peux te donner son numéro. »

Elle a noté le nom et le numéro sur un coin de serviette et l’a glissée dans ma main.

« Claire, fais très attention, » a-t-elle ajouté en serrant mes doigts. « Si ton mari est mêlé à des gens dangereux, il ne faut surtout pas qu’il sache que tu as vu ces documents. »

Je suis rentrée chez moi avec la serviette serrée dans ma poche comme un talisman brûlant.

Benoît était dans son bureau, la porte fermée.

Je l’ai entendu rire au téléphone. Un rire léger, comme si de rien n’était, alors que tout s’effondrait.

Ce soir-là, je n’ai presque pas dormi.

J’ai regardé le plafond, à côté de l’homme qui ronflait doucement, et j’ai compris que l’homme qui partageait mon lit était non seulement infidèle, mais peut-être criminel.

Et que, s’il tombait, je tomberais avec lui.

Le lendemain matin, j’ai attendu qu’il claque la porte en partant.

J’ai sorti la serviette froissée de ma table de nuit, pris une grande inspiration et composé le numéro du capitaine Rivières.


« Brigade financière, capitaine Rivières, j’écoute. »

Sa voix était grave, posée.

« Bonjour… je m’appelle Claire Martin, » ai-je balbutié. « Une amie, Marie, m’a donné votre numéro. Je crois que mon mari est impliqué dans des choses illégales avec de l’argent. »

Il y a eu un silence, puis :

« Madame Martin, pouvez-vous venir au commissariat cet après-midi ? Ce sera plus simple d’en parler de vive voix. »

Quelques heures plus tard, j’étais assise dans un petit bureau clair, une tasse de café tiède entre les mains.

Face à moi, un homme d’une quarantaine d’années, cheveux poivre et sel, regard fatigué mais bienveillant, feuilletait les copies de mes photos.

« Madame Martin, » a dit le capitaine Rivières en relevant les yeux, « ce que vous nous apportez est très sérieux. »

Il a posé le doigt sur plusieurs lignes.

« Ces mouvements de fonds, ces sociétés sans activité réelle, ces achats de biens immobiliers… cela ressemble effectivement à du blanchiment d’argent pour le compte d’un réseau criminel. »

Ma gorge s’est serrée.

« Un réseau criminel ? Quel genre de réseau ? »

« Nous n’en sommes pas encore là, » a-t-il répondu calmement. « Mais ce type de schéma est souvent lié à des trafics importants. Si votre mari sert d’intermédiaire, il risque une peine lourde, et tous ses biens risquent d’être saisis. »

J’ai pensé à la maison, à la voiture, au peu de sécurité que je croyais avoir.

« Et moi, dans tout ça ? Si tout est saisi ? »

« Si tout a été acheté avec de l’argent sale, l’État peut le confisquer, » a-t-il expliqué sans détour. « C’est la loi. »

Je me suis sentie suffoquer.

Je ne comptais plus. Ni pour mon mari. Ni même pour notre maison.

« Mais, » a ajouté le capitaine après un instant, « dans certains cas, quand un conjoint coopère avec la justice et aide à démanteler le système, les magistrats peuvent prévoir une protection et certaines compensations. »

Une idée s’est mise en place dans ma tête, aussi claire que le tic-tac de l’horloge sur le mur.

Pour la première fois depuis des mois, je n’étais plus seulement victime. J’avais quelque chose que Benoît n’avait pas : la vérité.

« Capitaine, » ai-je dit lentement, « et si je vous aidais à obtenir plus de preuves ? J’ai accès à son bureau, à ses conversations. Je peux collecter des documents, enregistrer ce qu’il dit. »

Il m’a regardée longuement.

« Ce que vous proposez est dangereux, Madame Martin. Si votre mari découvre ce que vous faites, il pourrait mal réagir. Les gens qui brassent autant d’argent n’aiment pas qu’on fouille dans leurs affaires. »

« Il prévoit de divorcer et de me laisser sans rien, » ai-je répondu. « Il me ment, il me trompe et il joue avec la loi. Je suis déjà en danger, d’une certaine façon. Alors autant choisir mon camp. »

« Qu’est-ce que vous attendez en échange ? »

Je n’ai pas hésité.

« Que la justice me protège. Qu’on ne m’associe pas à ses crimes. Et qu’on me laisse garder ce qui a été acheté avec de l’argent vraiment légal. »

Pour la première fois, le capitaine a esquissé un sourire.

« Vous pensez comme un magistrat, Madame Martin. Laissez-moi en parler au parquet. »

Trois jours plus tard, je revenais au commissariat.

Cette fois, il y avait aussi une procureure, Madame Leroy, tailleur sobre, regard ferme. Le dossier de Benoît s’épaississait déjà.

On m’a expliqué les termes d’un accord de coopération. Si j’acceptais de devenir source d’informations pour la brigade financière, de fournir des documents, d’enregistrer certaines conversations, je bénéficierais d’une protection et d’un statut particulier le jour où tout éclaterait.

J’ai signé. La main étrangement stable.

À partir de ce moment-là, j’ai mené une double vie.

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