Il m’a juré que je ne toucherais plus à son argent – la lettre qui a fait éclater de rire la juge

Je lui ai montré les photos sur mon téléphone.
Petit à petit, son visage s’est fermé.

« Claire, où as-tu trouvé ça ? »

« Dans le bureau d’Étienne. Il ne sait pas que je les ai vus. »

Elle a pris son temps.
Elle a zoomé, comparé, pris quelques notes sur une serviette.

« Certains mouvements sont très bizarres », a-t-elle fini par dire.
« Regarde : là, on a des versements importants d’entreprises qui n’existent pas dans les registres officiels.
Puis l’argent est transféré vers d’autres comptes, puis vers une holding, puis vers des achats immobiliers…
C’est une structure de recyclage. »

« De recyclage ? »

« De blanchiment, Claire.
Blanchiment d’argent. »

Le mot m’a coupé le souffle.

« Tu es sûre ? »

« Je ne suis pas inspectrice, mais la logique est claire.
On prend de l’argent sale, on le fait passer par plusieurs couches pour lui donner un aspect légal.
Ton cher mari ne joue pas seulement avec vos économies.
Il joue avec la loi. »

Je me suis adossée à la banquette, le monde tournant un peu autour de moi.

« Qu’est-ce que je peux faire ? »

Sophie a hésité, puis a sorti un petit carnet de son sac.

« Je connais quelqu’un à la brigade qui s’occupe des affaires économiques.
Appelons-le… Monsieur Vidal.
C’est quelqu’un de droit.
Si tu veux, je te donne son numéro.
Mais il faut que tu sois consciente : une fois que tu seras entrée là-dedans, tu ne pourras plus faire marche arrière. »

J’ai serré le papier qu’elle m’a tendu.
« Honnêtement, Sophie, je crois que je n’ai déjà plus de marche arrière. »

Le soir, en préparant le dîner, j’entendais Étienne dans son bureau, au téléphone.
Je ne distinguais pas tout, mais des mots revenaient :
« transfert », « délai », « discret ».

Il ne se doutait de rien.
Il parlait de millions pendant que je choisissais des pommes de terre « en promo ».

Cette nuit-là, je n’ai presque pas dormi.
Allongée à côté de lui, j’écoutais sa respiration régulière.
Je pensais à toutes ces années où je l’avais cru quand il me disait qu’il « protégeait notre avenir ».

Je pensais à Hélène, à son regard de juge.
À Élise, à son sourire satisfait.
À moi, à ma peur, à ma colère, à ma honte.

Et quelque chose a basculé.

Je n’étais plus seulement une épouse trompée.
J’étais la femme d’un escroc.
Et je refusais de tomber avec lui.

Le lendemain matin, dès qu’il a quitté la maison, j’ai composé le numéro de Monsieur Vidal.

Ma main tremblait tellement que j’ai dû recommencer deux fois.

« Brigade financière, Vidal à l’appareil. »

« Bonjour, j… je m’appelle Claire Dubreuil.
On m’a donné votre numéro.
Je pense que mon mari fait des choses illégales avec de l’argent. »

Un silence, puis une voix ferme, mais étonnamment calme :

« Madame Dubreuil, pouvez-vous venir au commissariat cet après-midi ?
J’aimerais voir ces documents. »


Ce même après-midi, j’étais assise sur une chaise en plastique, dans un petit bureau sans charme.
Pas de bois précieux, pas de moquette épaisse.
Juste un ordinateur, une pile de dossiers, une fenêtre donnant sur une cour grise.

L’homme en face de moi devait avoir la quarantaine.
Cheveux poivre et sel, costume trop simple pour être celui d’un avocat, regard fatigué mais attentif.

Il avait étalé les photos de mes documents sur le bureau.

« Madame Dubreuil, depuis combien de temps votre mari fait-il ce genre d’opérations ? »

« Je ne sais pas », ai-je admis.
« Je viens de découvrir ces papiers.
Il ne m’a jamais parlé de ces comptes. »

Il a hoché la tête.

« C’est fréquent.
Les conjoints sont souvent tenus à l’écart. »

Il a pointé du doigt des lignes sur un relevé.

« Ces versements en liquide, ces sociétés sans activité réelle, ces achats de biens immobiliers…
C’est un schéma classique de blanchiment.
Et vu les montants, il ne s’agit pas de petits arrangements. »

« De l’argent qui vient d’où ? »

Il a pris le temps de répondre.

« De trafics divers.
Ce n’est pas notre sujet aujourd’hui, mais disons que les gens qui utilisent ce genre de méthodes ne sont pas des enfants de chœur.
Votre mari leur rend un service précieux. »

Je sentais mon estomac se nouer.

« S’il est arrêté, que va-t-il se passer ? »

« En cas de condamnation, il risque plusieurs années de prison.
Et une saisie d’une grande partie des biens achetés avec l’argent blanchi. »

« Donc… la maison aussi ? »

« Si nous démontrons qu’elle a été financée en partie par cet argent, oui. »

Je me suis vue, du jour au lendemain, sans mari, sans toit, sans compte en banque.
Exactement ce qu’il avait prévu, mais pour une autre raison.

« Et moi ? ai-je demandé.
Je serai considérée comme complice ? »

« Pas si vous coopérez.
Pas si vous avez été tenue dans l’ignorance.
Mais il faudra le prouver. »

J’ai pris une grande inspiration.

« Et si je vous aidais ?
Si je vous donnais plus de preuves ?
Des enregistrements, des copies de documents, des informations sur ses rendez-vous ? »

Il m’a observée longuement.

« Ce serait très utile, oui.
Mais ce serait dangereux pour vous.
S’il découvre ce que vous faites, il pourrait mal réagir.
Sans parler de ceux avec qui il fait affaire. »

« Honnêtement, ai-je répondu,
je ne suis déjà plus en sécurité.
Il veut divorcer en me laissant sans rien.
Vous venez de me dire que tout peut être saisi.
Si je ne fais rien, je perds tout.
Si j’agis, je prends peut-être des risques, mais j’ai une chance de sauver quelque chose. »

Ses yeux se sont adoucis.

« Qu’attendez-vous de nous, exactement, Madame Dubreuil ? »

J’ai serré mes mains sur mes genoux.
Cette fois, pas comme une petite épouse.
Plutôt comme quelqu’un qui saute enfin dans l’inconnu.

« Je veux être protégée, ai-je dit.
Je veux qu’on reconnaisse que je n’ai rien à voir avec ses affaires.
Et je veux récupérer la part de notre patrimoine qui vient de son travail légal.
Pas de ses combines. »

Il a esquissé un léger sourire.

« Vous savez ce que vous voulez, c’est bien.
Je vais en parler au parquet.
Si vous acceptez de devenir notre informatrice, nous pourrons envisager un accord. »

Deux semaines plus tard, je signais un document officiel dans ce même petit bureau.
On y parlait de « coopération », de « protection », de « non-poursuite ».

On m’a montré comment utiliser un petit appareil d’enregistrement dissimulé dans un porte-clé.
On m’a appris quoi photographier, quoi garder, quoi éviter.

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