Le jour de mon mariage, mon mari m’a giflée devant tous les invités – voici comment j’ai répondu

— Je ne resterai pas.
— Je ne serai pas la femme qui explique, qui justifie, qui pardonne un geste comme celui-là.
— Je demanderai l’annulation du mariage dès que possible.

Il a tendu la main vers moi, comme un noyé vers une bouée.

— Claire, attends. On peut…

— Non, ai-je dit simplement.

J’ai posé le bouquet sur une table.
J’ai ramassé le bas de ma robe pour ne pas trébucher.
Et j’ai tourné le dos au plus beau jour de ma vie, devenu en quelques minutes le plus laid.

Je me suis mise à marcher vers l’entrée du domaine, vers la grille, vers la route.

Derrière moi, les voix ont explosé. Des cris, des « mais enfin », des pleurs, des téléphones qui filmaient, qui envoyaient déjà des vidéos à d’autres.

Je n’ai pas regardé en arrière.

Mon oncle m’attendait, comme il me l’avait promis.
Il m’a vue arriver, la robe blanche souillée d’herbe, le maquillage coulant, la joue gonflée.

Il n’a rien dit.
Il a juste ouvert la portière.

Je suis montée en voiture.
Et le portail du domaine Marchand s’est refermé derrière moi avec un bruit de fin de chapitre.


La vidéo a fait le tour de la France en moins de vingt-quatre heures.

On me voyait recevoir la gifle.
On m’entendait dire « Donne-moi ces papiers », puis « Ce n’est pas moi ».

Certains extraits tournaient en boucle sur les réseaux : la robe, le bruit de la claque, mon profil meurtri, et ce moment où je me détourne, la tête haute.

On m’a appelée « la mariée giflée ».
« La comptable qui a fait tomber une famille de notables ».
Les commentaires se sont multipliés.

Il y avait de tout :
— Ceux qui me soutenaient.
— Ceux qui disaient que « on ne connaît pas toute l’histoire ».
— Ceux qui critiquaient mon choix de partir « en laissant l’enfant sans père ».

Je ne lisais pas tout.
Je me protégeais comme je pouvais.

Mais une chose était claire : on ne pourrait jamais faire comme si rien ne s’était passé.


Les jours qui ont suivi ont été un mélange étrange de douleur et d’adrénaline.

J’ai pris un avocat. Une femme d’une cinquantaine d’années, au regard direct, qui a posé sa main sur mon dossier et m’a dit :

— On va tout mettre à plat. Sans haine, mais sans faiblesse.

J’ai remis à son cabinet tout ce que j’avais :
les tableaux, les relevés, les copies des mails internes, les factures douteuses.

La plainte est partie.
Pour violence conjugale, bien sûr.
Mais aussi pour diffamation, faux et usage de faux, et détournement de fonds visant Élise.

En face, la famille Marchand a fait ce que font souvent les familles riches :
engager de très bons avocats, parler de « malentendu », essayer d’étouffer l’affaire.

Mais il y avait la vidéo.
Il y avait les chiffres.
Et il y avait ma ténacité.

L’enquête financière a duré des mois.

Quand les experts nommés par le tribunal ont remis leur rapport, tout était là, noir sur blanc :
les sociétés écrans, les virements vers l’étranger, les signatures falsifiées, les connexions avec le cabinet où travaillait le compagnon secret d’Élise.

Elle a fini mise en examen, puis renvoyée devant un tribunal.

À l’audience, je l’ai vue sur le banc des prévenus, dans un tailleur trop sobre pour elle, les traits tirés, mais le menton toujours haut.

On a lu les montants, les dates, les contrats inventés.
On a parlé de tromperie, d’abus de confiance, de détournement de fonds.

Je n’ai pas éprouvé de joie en l’entendant condamnée à plusieurs années de prison ferme.
Juste un immense épuisement.

L’entreprise de la famille a vacillé, secouée par le scandale.
Le père de Thomas a fait un malaise, a été hospitalisé.

De l’extérieur, on aurait pu dire que « j’avais tout détruit ».
Mais au fond de moi, je savais que je n’avais fait qu’arracher le rideau.

Le reste existait déjà.


En parallèle, il y a eu la procédure autour du mariage.

Mon avocat a demandé le divorce pour faute, le plus vite possible.
La juge a visionné la vidéo dans un silence de plomb.

Quand l’image de la gifle est apparue, elle a posé son stylo.

— Monsieur Marchand, a-t-elle dit d’une voix froide,
— vous comprenez que cela va peser lourd dans mes décisions ?

Il a hoché la tête, le regard perdu.

J’étais enceinte de cinq mois à ce moment-là.

Nous avons parlé résidence de l’enfant, pension alimentaire, droits de visite.

La juge a tranché :
résidence principale chez moi, pension fixée en fonction des revenus confortables de Thomas, et visites encadrées dans un lieu neutre au début.

— Il y a eu un geste de violence grave, a-t-elle rappelé.
— Je ne peux pas l’ignorer.

Le divorce a été prononcé quelques mois plus tard.
Je suis sortie du tribunal avec un papier dans la main et un grand vide dans la poitrine.

Ce que j’avais cru être ma vie future n’existait plus.
Il ne restait qu’un ventre rond, un prénom en tête, et la nécessité d’avancer malgré tout.


J’ai quitté Lyon.

Je ne supportais plus les regards, les chuchotements dans la rue, les « c’est elle, tu sais, la mariée giflée ».

Je suis partie m’installer près de Montpellier, dans une petite ville où la mer n’était jamais loin, où l’accent était un peu plus chantant.

Ma fille est née un matin de printemps, dans une petite maternité, avec une sage-femme qui me parlait doucement.

Quand on m’a posé ce petit corps chaud sur la poitrine, j’ai su son prénom tout de suite.

— Elle s’appellera Lise, ai-je murmuré.

Pas Élise.
Lise.
La lumière sans le venin.

Elle avait les yeux de Thomas, c’était évident.
Un vert tirant sur le gris.
Mais quand elle a poussé son premier cri, j’ai reconnu la force têtue de ma mère.

Je l’ai serrée contre moi, et pour la première fois depuis longtemps, j’ai senti autre chose que de la colère.
Une promesse.

Je me suis juré une chose :
plus jamais je ne laisserais quelqu’un me faire croire que je devais réduire ma voix, mon cœur ou ma valeur pour mériter l’amour.


Thomas a essayé de reprendre contact.

Il a écrit, beaucoup.
Des mails, des lettres.

Je n’ai pas tout lu.

Nous avons suivi ce que le juge avait décidé.

Visites encadrées, dans un espace prévu pour ça, avec des éducateurs autour.
Au début, je restais dans la pièce d’à côté, le cœur serré, à écouter ma fille babiller, rire parfois avec cet homme qu’elle ne connaissait pas, puis pleurer quand il devait partir.

Il a accepté la pension sans discuter.
Il avait l’air… vidé.

Un jour, alors que Lise avait presque deux ans, il m’a demandé :

— Est-ce qu’un jour tu pourras me pardonner ?

Je l’ai regardé longtemps.

— Je ne sais pas, ai-je répondu honnêtement.
— Mais je sais que je ne reviendrai jamais en arrière.

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